Le Voyage au Bout de l'Enfer de Michael Cimino & Vilmos Zsigmond Making Of The Deer Hunter / 1978

Dans le numéro d'octobre 78 d'American Cinematographer, le réalisateur Michael Cimino et son directeur photo Vilmos Szigmond racontent,chacun dans un long article, le passionnant tournage du film. En novembre 76, Cimino décline le projet de film que lui propose les dirigeants de la compagnie de distribution EMI mais prend deux heures pour leur pitcher l'idée de Voyage au bout de l'Enfer. "Faites le !" s'entend étonnamment répondre le réalisateur. Mais le tournage se doit de démarrer d'ici 4 mois ! Cimino envoie aussitôt ses assistants dans la région des Cascades et en Asie de l'est avec une longue liste de lieux à trouver dont il pense avoir besoin dans son scénario... qui n'est pas encore rédigé !





L'écriture et les repérages sont donc menés conjointement et s'adaptent l'un à l'autre au fur et à mesure de la progression.Si bien que lorsque les acteurs et l'équipe technique découvrent les endroits au moment du tournage, plusieurs chercheront à savoir comment Cimino a fait pour dénicher ces lieux identiques à ce qu'il a imaginé dans son scénario." Mais c'est le contraire, le script a été écrit en fonction des sites qui existaient déjà".


La ville industrielle représentée dans la film est une combinaison de huit villes différentes qui n'avaient jamais servi de décor auparavant. " L'enthousiame et la coopération des gens chez qui vous venez tourner pour la première fois est incomparable avec celle d'un lieu qui a déjà été vu 12 fois dans des films auparavant". Le conseil de la cathédrale russeThéodosius qui sert de décor à la scène de mariage a cependant émis quelques réserves à laisser leur église investie par une équipe de tournage. "Curieusement la chose qui les dérangeait le plus était qu'ils ne voulait pas voir se reproduire était ce qu'il s'était passé avec Docteur Jhivago, un film sur la Russie sans aucune musique ni artistes russes".


"Un des problèmes majeurs qui se posa aussi pendant le tournage fût de donner l'illusion d'un automne froid et pluvieux aux alentours des aciéries alors que nous tournions pendant l'un des étés les plus chauds de la région depuis vingt ans... la seule solution fut d'effeuiller les arbres et peindre l'herbe !".
Certains parti pris ne facilitèrent pas la tâche non plus.Ainsi pour la scène du mariage et toutes les scènes avec musique en fond (dont la scène de la partie de billard) il fût décidé de tourner en même temps les dialogues et bande musicale afin de conserver la spontanéité des acteurs qu'il aurait été impossible de recréer un an plus tard au moment du doublage en studio.


La spontanéité ne fût pas demandé qu'aux acteurs. Pour le tournage de la partie de chasse, les cerfs apprivoisés prévus par la production n'ont pas convaincu Cimino qui les trouva trop conditionnés à leur dresseur. Il fît donc venir par avion deux cerfs sauvages d'une réserve naturelle du New Jersey qui assurèrent eux parfaitement leur rôle. Le naturel à nouveau lorsque Cimino et Szigmond découvrent un matin à 8h30 la lumière et le ciel parfaits près de la petite cabane qui abritent les chasseurs.Ils informent De Niro, qui n'était pas prêt pour cette scène, à s'habiller au plus vite et à effectuer le plan où il chemine sur un monticule rocheux et en réflexion sur une étendue d'eau."Et au moment précis où Bobby termine cette scène, toute l'ambiance a changé et ne s'est plus jamais représentée".


La cabane décor pour la scène de la roulette russe fût acheté en Thailande, démontée, acheminé sur la rivière Kwaï et reconstruite à l'identique sur une plateforme submersible afin de compenser les variations importantes du niveau de l'eau. Toujours pendant le tournage en Thaïlande, un coup de force miliatire décida la production a ne pas rappatrier les rushes quotidiens si bien que pendant trois mois, Cimino et Szigmond tournèrent les scènes parmi le plus importantes du film "à l'aveugle" sans être sûrs du résultat. Ils se couvrirent en tournant chaque plan avec le plus de caméras possibles.


Le tournage sur la rivière Kwaï rappelle à Szigmond son expérience sur Délivrance.Pour certains plans,qui suivent les acteurs à la dérive, l'équipe était en effet réduite à son minimum dans un bateau à moteur dérivant lui aussi sur sa lancée. Pour la scène de l'hélicoptère, les pilotes n'étaient pas entrainés, la communication était difficile et il n'y avait pas de caméraman spécialisé, si bien que Szigmond en personne filma tous les plans vu de l'appareil.


Au final Szigmond déclare "n'avoir jamais eu aucun problème avec Cimino au cours du tournage, il savait que ce qui m'importait le plus était d'essayer de faire le meilleur film possible.On peut toujours critiquer certaines scènes et il y a peut être des choses qui auraient pu être plus réussies mais je peux vous guarantir que nous avons fait de notre mieux dans chaque circonstance". Quant à Cimino, il se sent "privilégié d'avoir pu traiter de la guerre du Vietnam. J'aurais vraiment eu le sentiment de passer à côté de quelque chose si je n'avais pas eu cette opportunité de réaliser un film sur un évènement qui a changé ce pays à jamais".

"Behind The Scenes of The Deer Hunter": Scott Henderson / 3 pages. "Ordeal By Fire and Ice" : Michael Cimino / 8 pages. "Photographing The Deer Hunter": Vilmos Szigmond / 9 pages. American Cinematographer Vol 59 n°10 Octobre 1978 / Color and B&W photos Couleur et N&B / Copyright ASC 1978

 
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